- Strasbourg ville > Paris – Charles de Gaulle aéroport – Terminal 2
5h00 / le réveil m’arrache à un rêve débuté il y a seulement 2h30. Courte nuit pour débuter une aventure aussi gigantesque. Aujourd’hui, nous sommes le jour si attendu et redouté à la fois. C’est aujourd’hui qu’il nous faut dire au revoir à nos proches et sauter à pieds joints dans notre future-vie canadienne.
6h59 / notre train nous promet un voyage « inoui » et s’en va à grande vitesse sur les rails. Devant mes yeux embrumés de quelques larmes et de beaucoup de fatigue, j’assiste chanceuse au levé du soleil sur ma région natale. Dans deux heures, nous serons enregistrés et prêts à partir vers une nouvelle aventure qui -sans aucun doute- bousculera chacun de nos repères.
- Paris – Charles de Gaulle aéroport – Terminal 3 > Montréal aéroport Pierre-Elliott Trudeau / Notes de voyages
Concrètement j’ai l’impression que mon esprit est séparé de mon corps. Je suis physiquement présente, mais mentalement je ne sais plus trop où je suis. On dit au revoir à la famille en se disant quelque part « c’est génial ce qu’on fait, on part en vacances », et en même temps, une petite voix nous souffle « oh punaise, mais tu vas rater ta vie ». Une dualité inexplicable qui me tiraille le ventre et m’embrume les neuronnes.
Des heures et des heures d’attente, je vois l’avion qui arrive et je me dis « ok, on y va et au pire, on rentre ».
Ce saut dans le vide, vers l’inconnu, je ne suis pas certaine de l’avoir déjà ressenti à ce point. J’ai toujours eu « un point de chute » au bout. En quittant mon Alsace natale pour Paris, j’avais mes études qui m’attendaient, une super-cousine pour m’accueillir les premières semaines, des amis déjà installés… Bref. J’avais déjà des repères.
Durant ce vol, les pensées se bousculent, s’entrechoquent et ne me laissent pas énormément de temps pour me remettre de mes émotions. Et assez soudainement, je sens que l’avion débute sa descente. J’observe dehors. Et le tout début de la magie a commencé.
Des milliers d’arbres de toutes les couleurs s’étalaient sur des kilomètres sous mes yeux. La magie de l’automne au Québec, mais vue d’en haut. Le privilège d’arriver pile pour la saison des couleurs.
Je ne sais pas où je vais habiter. Quel métier je vais pratiquer, ni quand je vais trouver un travail. Je n’ai plus aucun meuble, pas assez de vêtement, plus aucun repère ni ami(e)s…. Mais à cet instant, je comprends que je vais être déboussolée par la beauté des paysages, que là… Ce n’est que le début.
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